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Dans un contexte économique où la digitalisation des échanges B2B s’accélère sans cesse, la lutte contre la fraude à l’identité d’entreprise et aux fausses factures devient un enjeu vital pour les organisations. Chaque année, des milliers d’entreprises subissent des attaques sophistiquées qui exploitent la moindre vulnérabilité dans le traitement des données administratives. Face à ce constat, le numéro SIREN, identifiant unique et public délivré par l’INSEE, s’impose comme un levier essentiel pour sécuriser la chaîne de facturation et renforcer la confiance entre partenaires. Cet article se propose de décrypter en profondeur les mécanismes de fraude liés au SIREN, de présenter les méthodes de contrôle et de monitoring les plus robustes, et de fournir un plan d’action opérationnel, articulé autour de processus organisationnels et de technologies avancées.
Au cours des cinq dernières années, la fraude à l’identité d’entreprise a augmenté de plus de 60 % en Europe, touchant aussi bien les grandes sociétés que les PME et TPE. Les cybercriminels redoublent d’ingéniosité pour usurper des entités légitimes, en clonant des sites web, en manipulant des documents administratifs ou en interceptant des échanges de mails. Les services comptables et financiers, souvent débordés, constituent une cible privilégiée. Cette recrudescence se traduit notamment par des demandes de paiement frauduleuses, l’envoi de factures fictives ou la modification de coordonnées bancaires, avec un impact direct sur le flux de trésorerie des entreprises.
Selon une étude récente menée par un organisme de recherche indépendant, le coût total de la fraude B2B liée aux données d’entreprise dépasserait 40 milliards d’euros par an en France seulement. Ces pertes financières massives s’accompagnent d’une érosion de la confiance entre partenaires commerciaux, d’une charge administrative accrue pour vérifier chaque transaction et d’un risque de contentieux long et coûteux. Les assureurs ont également alourdi leurs tarifs pour couvrir les sinistres liés à ces attaques, ce qui se répercute sur le coût global des services professionnels et du crédit interentreprises.
Le numéro SIREN, attribué de manière définitive à chaque entité immatriculée en France, constitue une signature numérique irréfutable. Contrairement aux informations commerciales ou bancaires qui peuvent évoluer, le SIREN reste stable tout au long de la vie de l’entreprise, à moins que celle-ci ne soit dissoute. Son caractère public, facilement vérifiable via la base Sirene de l’INSEE, le rend particulièrement fiable pour valider l’existence et l’authenticité d’une société. Exploiter cette unicité permet de limiter drastiquement les tentatives de clonage et d’usurpation d’identité juridique.
Dans le cadre d’un contrat de prestation ou d’un dossier de crédit, la simple vérification du SIREN permet de renforcer les garanties légales. Les établissements bancaires, assurances, fournisseurs et clients peuvent s’appuyer sur cet identifiant pour produire des preuves solides en cas de litige. En outre, la correspondance entre le SIREN, le SIRET et l’immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) apporte une cohérence documentaire essentielle. Cette valeur probante facilite l’établissement de conditions de paiement sécurisées et réduit les risques de contentieux qui résultent fréquemment de la mauvaise identification de partenaires stratégiques.
Avant de mettre en place des dispositifs de défense, il est impératif de cerner les techniques employées par les fraudeurs pour détourner ou falsifier le SIREN. Ces méthodes vont de la simple usurpation d’identité d’entreprise jusqu’à la création de structures fictives, en passant par la modification frauduleuse d’informations légales. En analysant ces schémas criminels, les services compliance et security peuvent anticiper les scénarios de risque et ajuster leurs contrôles à chaque étape du cycle de vie client ou fournisseur.
L’une des pierres angulaires de la prévention repose sur la mise en œuvre de processus de vérification fiables et reproductibles. Cet article détaillera tant les approches manuelles – via la consultation de la base Sirene ou le téléversement de fichiers périodiques – que les automatismes via API, les alertes en temps réel et les tableaux de bord de surveillance. L’objectif est de fournir une palette d’outils modulables, adaptée aux contraintes budgétaires et aux volumes de chaque organisation.
La théorie doit trouver sa traduction dans des actions concrètes et structurées. Nous proposons donc un plan en quatre phases, allant du diagnostic interne initial jusqu’à l’amélioration continue, en passant par la formation des équipes et l’intégration de technologies avancées comme l’intelligence artificielle et la blockchain. Chaque phase est illustrée par des étapes précises, des exemples de livrables et des indicateurs clés de performance pour mesurer l’efficacité globale des mesures anti-fraude.
Plusieurs formes de fraudes exploitent spécifiquement la manipulation du SIREN. La première consiste à cloner un SIREN existant pour créer un faux fournisseur, en copiant l’adresse et la dénomination sociale, afin d’obtenir des paiements induits. La deuxième vise à enregistrer de toutes pièces des entités fictives, en fournissant de faux documents pour escroquer des avances de trésorerie. La troisième catégorie concerne la modification frauduleuse des données légales : un changement de siège ou de dirigeant non déclaré peut masquer une défaillance financière ou une structure parallèle destinée à dissimuler des flux illicites.
Chaque typologie présente des signaux faibles spécifiques : des demandes de documents incohérentes, des mails hors circuit officiel, ou des fichiers de facturation dont la structure diffère subtilement des standards habituels. Identifier ces indices en amont, grâce à une cartographie précise des processus internes et à la formation des équipes, constitue la première ligne de défense contre ces attaques.
Les criminels profitent souvent d’erreurs humaines et de failles administratives. Ils exploitent des logiciels de comptabilité mal configurés, des bases de données incomplètes ou des processus d’onboarding trop permissifs. Parfois, ils accèdent à des informations sensibles via un piratage ponctuel d’une boîte mail administrative, puis usurpent l’adresse email du service facturation pour envoyer leurs demandes de paiement. Les campagnes de phishing ciblé sur les services financiers sont désormais orchestrées avec un niveau de personnalisation tel qu’elles trompent même les équipes les plus aguerries.
Les réseaux organisés exploitent également l’ingénierie sociale pour obtenir des informations sur les procédures internes, puis sollicitent des validations de bon de commande ou de facture via des chaînes de signature électronique compromise. Sans un suivi rigoureux des modifications du SIREN et des alertes automatisées, ces méthodes restent difficiles à repérer avant qu’un paiement ne soit déclenché.
Outre les pertes financières directes liées au paiement de factures fictives – qui peuvent s’élever à plusieurs centaines de milliers d’euros pour un seul incident –, l’entreprise subit des retombées en termes de réputation, réduisant sa crédibilité auprès des partenaires et des banquiers. Une fois la fraude identifiée, le recouvrement s’avère souvent complexe, car les entités fautives ont disparu ou changé d’identité. La victime doit alors engager des procédures judiciaires longues et coûteuses, dont le taux de recouvrement est généralement très faible.
Sur le plan juridique, l’entreprise peut également voir sa responsabilité engagée si elle n’a pas respecté ses obligations de vigilance et de lutte contre la fraude. Les sanctions financières, associées à une dilution de confiance sur le marché, peuvent mettre en péril la pérennité même de la structure. Dès lors, l’investissement en dispositifs de contrôle du SIREN apparaît comme un effort indispensable plutôt qu’une simple dépense opérationnelle.
La consultation directe de la base Sirene accessible gratuitement en ligne reste la première brique de vérification. Les équipes peuvent vérifier manuellement la correspondance entre le numéro SIREN, la dénomination sociale, l’adresse du siège et l’activité principale. Ce processus, s’il est réalisé de manière systématique à chaque onboarding, permet de détecter rapidement les anomalies – telles qu’un SIREN actif associé à un siège social douteux ou à une activité incompatible avec le profil du client ou fournisseur.
Par ailleurs, l’INSEE met à disposition des fichiers téléchargeables contenant l’ensemble des entreprises françaises. Ces dumps, actualisés tous les trimestres, offrent la possibilité de réaliser des audits ponctuels hors ligne, de croiser les données avec des listes internes et de vérifier l’état juridique des partenaires à une fréquence plus faible mais globale.
Pour traiter de grands volumes de flux entrants, l’appel direct à l’API Sirene via un service REST permet d’intégrer automatiquement la vérification du SIREN dans les workflows de gestion client et fournisseur. Chaque requête renvoie en temps réel l’ensemble des métadonnées officielles : date de création, statut juridique, adresse complète, code NAF, effectif approximatif, etc. Cette automatisation réduit considérablement la charge manuelle et limite les erreurs humaines.
Les entreprises peuvent aussi se tourner vers des solutions SaaS tierces spécialisées dans la compliance, qui combinent l’API Sirene à d’autres référentiels (RCS, Registre des Bénéficiaires Effectifs, bases de données bancaires). Ces prestataires offrent souvent des fonctionnalités avancées comme le suivi des changements de statut via des webhooks, générant des alertes immédiates en cas de mise en liquidation, de radiation ou de modification d’adresse.
Au-delà de la simple vérification ponctuelle, la mise en place d’un système de veille automatisé assure un suivi permanent de l’état juridique des partenaires. Grâce à des modules de notification configurables, le service compliance peut recevoir des alertes dès qu’une variation de statut est détectée, qu’il s’agisse d’un passage en redressement judiciaire ou d’un changement de dirigeant. Ce dispositif proactif évite de découvrir trop tard qu’un fournisseur clé est en difficulté.
Pour piloter ces alertes de manière structurée, des dashboards internes centralisent les nouveaux incidents, les statuts en anomalie et les actions correctives en cours. Les responsables peuvent ainsi prioriser les investigations et attribuer les tâches aux bonnes équipes, garantissant une traçabilité complète de chaque vérification.
Pour être réellement efficace, la vérification du SIREN doit intervenir à trois moments clés du cycle commercial. D’abord à l’onboarding du client ou du fournisseur, afin de valider la légitimité de la relation dès son démarrage. Ensuite, avant tout paiement surpassant un seuil critique prédéfini – généralement fixé en fonction du volume d’affaires annuel ou du montant unitaire. Enfin, lors d’un renouvellement périodique (trimestriel ou semestriel), pour s’assurer que le partenaire n’a pas évolué vers une situation à risque sans en informer l’entreprise.
Cette segmentation temporelle permet d’adapter la profondeur des contrôles : un contrôle strict et exhaustif à l’entrée, un check simplifié avant chaque paiement à haut montant, et une revue plus synthétique à fréquence régulière. Ainsi, on équilibre la sécurité contre la fluidité des échanges.
Un onboarding efficace s’appuie sur une checklist documentaire exhaustive. Au minimum, il convient de recueillir l’extrait Kbis datant de moins de trois mois, un justificatif d’activité (facture fournisseur, bail, attestation URSSAF), et le document de domiciliation. La vérification croisée du SIREN, du SIRET et de l’immatriculation au RCS permet de valider la cohérence des informations et de détecter immédiatement tout écart suspect, qu’il s’agisse d’une erreur de saisie ou d’une tentative d’usurpation.
Ce processus doit être formalisé dans une procédure interne précise, validée par la direction financière et le service juridique, avec un reporting systématique pour chaque dossier onboardé. Chaque étape franchie doit générer un historique daté et signé numériquement, garantissant la traçabilité et la responsabilité des vérificateurs.
Pour prévenir toute manipulation a posteriori, il est essentiel d’imposer un verrouillage des paiements sans correspondance exacte du SIREN saisi dans la facture. Les systèmes ERP ou de gestion comptable doivent refuser les factures dont l’identifiant ne correspond pas aux données historiques. De plus, pour tout nouveau fournisseur, une double validation – par le service comptable et le service juridique – renforce la sécurité, en croisant le volet financier avec la conformité légale.
Lorsque les montants sont élevés ou que le fournisseur n’a jamais été utilisé auparavant, il est recommandé d’ajouter une couche de vérification téléphonique : un appel direct au numéro indiqué sur le Kbis permet de confirmer l’authenticité du contact et de déceler d’éventuelles anomalies, comme un interlocuteur peu informé ou une ligne non officielle.
La prévention de la fraude ne peut reposer sur un service isolé. Une collaboration étroite entre les départements Finance, Juridique, DSI et Compliance assure une vision globale des risques. Le service informatique joue un rôle clé en sécurisant l’accès aux bases de données, en configurant des alertes dans l’ERP et en assurant la gestion des accès. Le service juridique apporte son expertise sur la légalité des documents et la responsabilité contractuelle, tandis que la compliance pilote le monitoring continu.
Parallèlement, la formation des équipes au repérage des signaux faibles – réception d’emails suspects, décalages d’IBAN ou demandes de modification hors procédure – contribue à développer une culture de vigilance partagée. Des sessions régulières de sensibilisation, assorties de cas pratiques et de quizzes, renforcent l’efficacité de ces dispositifs.
Certaines relations commerciales, notamment avec des TPE/PME stratégiques, présentent un niveau de risque plus élevé en raison de leur taille réduite et de leur moindre capacité à maintenir des processus robustes. Il convient d’identifier ces interlocuteurs, de dresser une liste prioritaire et de réaliser des audits mixtes, associant une revue des dossiers internes et une extraction des informations publiques (Bulletin officiel, mentions légales, réseaux sociaux). Ce contrôle périodique permet de détecter des difficultés financières naissantes ou des changements de structure non signalés.
Les résultats de ces audits doivent être synthétisés dans un rapport à destination de la direction, avec un scoring de risque et des recommandations précises : mise en probation, révision des conditions de paiement, ou résiliation anticipée en cas de risques majeurs.
Les plateformes de « Know Your Customer » (KYC) proposent aujourd’hui un guichet unique pour la vérification des données d’entreprise, incluant l’API Sirene, les registres RCS, la liste des bénéficiaires effectifs et les référentiels bancaires. Ces solutions SaaS offrent une interface unifiée, automatisent les contrôles, génèrent des rapports personnalisés et conservent une piste d’audit immuable. L’intégration de modules de scoring interne facilite la priorisation des contrôles en fonction du niveau de risque.
En externalisant une partie des processus de veille et de vérification, les entreprises gagnent en agilité et réduisent leur coût total de possession. Elles peuvent ainsi se concentrer sur l’analyse des incidents plutôt que sur la collecte manuelle des données.
L’exploitation de grands volumes de données issues de sources diverses – données financières FEC, registres RCS, réseaux sociaux professionnels, plateformes de notation – permet de détecter des corrélations inattendues. Par exemple, le croisement des historiques de transaction bancaire et des mouvements d’enregistrement au RCS peut révéler la création groupée d’entités sous une même adresse ou la répétition de numéros de téléphone sur plusieurs dossiers. Ces patterns, identifiés par des algorithmes de machine learning, déclenchent des alertes dès qu’un seuil prédéfini est franchi.
Un tableau de bord centralisé, alimenté en temps réel, offre une représentation graphique des anomalies et des tendances à risque. Les responsables compliance peuvent filtrer ces alertes par secteur d’activité, zone géographique ou montant des transactions, pour concentrer leurs efforts là où le potentiel de fraude est le plus élevé.
La blockchain, souvent citée comme l’avenir de la confiance numérique, propose un registre immuable et décentralisé pour enregistrer chaque affectation d’un SIREN, ses mises à jour et ses validations. Les smart contracts peuvent automatiser la vérification de cohérence entre le SIREN officiel et la facturation, en émettant un certificat d’authenticité horodaté chaque fois qu’un document est signé électroniquement. Cette approche renforce la résistance aux falsifications et garantit une piste de vérification indélébile.
Cependant, la mise en place d’un tel système requiert un cadre juridique encore en cours de maturation, ainsi qu’une adhésion de la majorité des acteurs économiques pour assurer l’interopérabilité. Les coûts initiaux et les enjeux de gouvernance restent à définir avant une adoption à grande échelle.
Les technologies d’IA complètent les approches traditionnelles en détectant des patterns anormaux, tels que la création simultanée de plusieurs SIREN avec une même adresse ou une même personne physique comme dirigeant. Les modèles prédictifs, entraînés sur des historiques de fraudes avérées, attribuent un score de risque à chaque nouveau dossier, permettant d’orienter les vérifications humaines vers les cas les plus sensibles.
En combinant le scoring IA avec des règles de conformité métier, les entreprises peuvent réduire drastiquement le nombre de faux positifs, tout en augmentant la vitesse de détection. Cela permet de maintenir un niveau élevé de sécurité sans sacrifier la fluidité des opérations quotidiennes.
Dans une entreprise de distribution internationale, un nouvel interlocuteur a tenté de facturer une livraison en insérant un SIRET erroné, correspondant à un autre site géographique de la même marque. Grâce à une automatisation par API Sirene, l’anomalie a été repérée immédiatement, déclenchant un blocage du paiement et une alerte au service juridique. L’analyse a révélé un schéma de phishing ciblant les marchés d’export, permettant d’éviter une perte de près de 250 000 euros.
Ce cas illustre l’importance de la vérification fine des déclinaisons SIREN/SIRET, même pour des partenaires réputés, car une simple erreur ou une manipulation sophistiquée peut entraîner des conséquences financières lourdes.
Une PME spécialisée dans le secteur des énergies renouvelables a reçu, sans avertissement, une facture présentant le même SIREN que son fournisseur habituel, mais mentionnant un nouveau siège social en périphérie urbaine. Les webhooks configurés sur l’API Sirene ont immédiatement signalé la modification non autorisée, incitant l’équipe compliance à contacter directement le fournisseur officiel. Il s’est avéré qu’un groupe organisé avait tenté de détourner un circuit de paiement avec des factures frauduleuses d’un montant global supérieur à 400 000 euros.
Cette expérience démontre la valeur d’une surveillance continue et de l’automatisation des alertes pour réagir en quelques minutes, avant tout déclenchement de paiement.
Plusieurs grandes entreprises du CAC 40 ont formalisé des fiches de contrôle obligatoires, détaillant chaque étape de la vérification du SIREN et les critères indispensables pour passer en phase de paiement. Ces modèles incluent notamment la capture du PDF Kbis, la confirmation téléphonique, le double contrôle de l’IBAN et la preuve de la domiciliation réelle. Ces documents sont archivés dans un référentiel blockchain interne, garantissant l’inaltérabilité des preuves.
De même, des procédures internes validées par la direction générale recommandent l’organisation trimestrielle d’un comité de pilotage anti-fraude, réunissant compliance, finance et DSI, pour analyser les incidents, partager les retours d’expérience et ajuster les seuils d’alerte.
La loi Sapin II impose aux entreprises une obligation de mise en place de dispositifs de prévention et de détection des faits de corruption et de fraude, avec des sanctions pénales et financières en cas de manquement. Par ailleurs, la directive européenne LCB-FT (lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme) étend ces obligations aux contrôles sur les partenaires commerciaux, incluant la vérification de l’identité et de l’existence légale via le SIREN.
Les autorités de contrôle sont désormais habilitées à réaliser des audits inopinés et à exiger des preuves de conformité aux procédures internes, sous peine de pénalités pouvant représenter jusqu’à 30 % du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise.
Si le SIREN est un identifiant public, sa combinaison avec des données personnelles (coordonnées du dirigeant, historique des transactions) entre dans le champ du RGPD. Les entreprises doivent donc documenter la finalité du traitement, limiter la conservation aux seules données strictement nécessaires et sécuriser les accès. La réalisation d’une analyse d’impact (PIA) peut s’avérer utile, notamment pour les structures manipulant des volumes importants d’informations personnelles associées aux SIREN.
En cas de violation de la vie privée ou de fuite de données, les régulateurs peuvent imposer des amendes pouvant atteindre 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires mondial annuel, renforçant la nécessité d’une gouvernance rigoureuse et transparente.
Lorsqu’un paiement frauduleux est effectué du fait d’un défaut de vigilance, la responsabilité de l’entreprise peut être engagée tant sur le plan civil – pour faute de gestion – que pénal – pour complicité involontaire de fraude. Les organes de direction, en particulier le directeur financier et le compliance officer, peuvent être visés par des poursuites si leur absence de contrôle est jugée délibérée ou négligente.
La présentation régulière de rapports d’audit et la tenue d’un registre des opérations de contrôle apportent une preuve précieuse en cas de contentieux, atténuant la responsabilité et démontrant la bonne foi de l’entité.
Le point de départ consiste à réaliser un audit complet des processus existants : onboarding, facturation, paiements et clôture de compte. L’objectif est d’identifier les points de vulnérabilité, de recenser les données traitées et d’évaluer le niveau de maturité des contrôles actuels. Cette cartographie permet de définir les priorités et de dimensionner les ressources nécessaires pour chaque action corrective.
En fonction du diagnostic, il s’agit de déployer progressivement les dispositifs de vérification : intégration de l’API Sirene, configuration des webhooks, création de dashboards de suivi, formalisation des checklists documentaires et paramétrage des règles d’alerte dans l’ERP. Chaque outil se voit associé à une procédure opératoire et à un KPI, garantissant un pilotage rigoureux de la mise en œuvre.
Une fois les dispositifs techniques en place, la réussite repose sur l’adhésion des collaborateurs. Des sessions de formation ciblées sont organisées pour chaque métier : finance, juridique, achats, DSI. Les participants apprennent à détecter les signaux faibles, à utiliser les outils de monitoring et à escalader rapidement les incidents. Des exercices de simulation de fraude renforcent la réactivité lors d’attaques réelles.
Le plan d’action ne s’achève pas à la mise en production. Il suppose la mise en place d’un audit interne régulier, le suivi des indicateurs de performance (nombre d’alertes traitées, taux de faux positifs, montants bloqués) et l’ajustement des règles de contrôle. Un comité de pilotage trimestriel valide les évolutions, investit dans les nouvelles technologies et partage les retours d’expérience pour renforcer sans cesse la posture anti-fraude.
À l’aube d’une nouvelle ère où la donnée publique devient un pilier de la sécurité économique, le numéro SIREN s’affirme comme le socle incontournable d’un écosystème de confiance. L’open data, associée à des technologies émergeantes comme la blockchain et l’intelligence artificielle, ouvre la voie à une traçabilité totale des relations d’affaires. Chaque entreprise, quelle que soit sa taille, peut ainsi devenir acteur et garant de son intégrité administrative.
En conjuguant rigueur organisationnelle, automatisation intelligente et vigilance partagée, les organisations transforment le contrôle du SIREN en un avantage concurrentiel : réduction des pertes, fluidification des processus, renforcement de la transparence. À terme, la coopération entre acteurs publics et privés permettra d’établir des standards communs, favorisant la montée en puissance de réseaux interconnectés où la fraude sera détectée et neutralisée dès ses prémices.
Investir aujourd’hui dans ces leviers constitue un choix stratégique : il protège le patrimoine financier, préserve la réputation et installe un climat de confiance propice à l’innovation et à la croissance durable.